Cambodge ... "C'est parti mon kiki" !

9 mars 2011

Pnhom Penh, 26 Janvier, 20h, 28°Celsius, nouvelle ville, nouveau pays.

On va pas vous mentir en vous disant qu'on est triste d'avoir quitté un pays qui nous a tant plu, ce n'est pas le cas. Certes il nous a énormément plu, mais nous sommes assoiffés d'en découvrir un nouveau.
On se demande si on n'est pas malades de n'avoir jamais regretté en 5 mois un départ, d'enchainer les villes et les pays avec toujours ce besoin de voir du nouveau. C'est vu, ça nous a plu, nous avons vaincu, la place au suivant!

Première soirée à Phnom Penh, installés dans une guest house pas bien chère, il est temps pour nous de nous présenter à cette ville et à nos amis Khmers.
Quelques giraffes d'Angkor Beer, quelques saladiers de cacahuètes, une petite frayeur, un petit déjeuner nocturne, et voilà les présentations sont faites... Phnom Penh nous voilà... Kouedik and Bornus pour vous servir.

Le réveil en souplesse effectué, on achète nos billets pour Sihanoukville, la station balnéaire Cambodgienne, un premier café Cambodgien, un coup d'oeil autour de nous pour prendre le pouls de la ville, de cette population dont le physique s'approche plus du latino américain aux yeux en amandes que d'un Vietnamien ou d'un Chinois.

On embarque vers Sihanoukville, où nous passerons l'après midi du jeudi et le week end avant de revenir vers Phnom Penh pour le business.
Sihanoukville est une zone économique spéciale ce qui la dote d'un port de commerce assez important, beaucoup de grosses entreprises internationales sont implantées dans les environs et bien sûr le littoral attire les touristes en masse.

Le Cambodge a seulement 200km de côtes sur le golfe de Thailande, mais le littoral est réputé pour de belles plages d'eau turquoise, quelques villes typiques de pêcheurs où il fait bon goûter le crabe et un bon paquet d'île digne des paysages Thailandais au large de Sihanoukville.

Après 5 mois de voyage et seulement une trempette au Vietnam, nous décidons d'aller nous offrir un petit week end de farniente.

On sort du bus, on obtient raison face à 15 chauffeurs de moto qui veulent nous faire payer le Km au prix de 5h de trajet de bus et nous nous mettons à la recherche d'une guest house. Nous craquons pour une petite cabane dégueulasse en bambou et en carton, le tout pour 5 dollars, le serpent caché derrière le mur en prime! L'avantage est qu'elle est face à la mer et à l'agitation de Sihanoukville qui compte un bon nombre de restaurants, bars, barraques de plages, etc... C'est l'étape de tous les touristes avant de partir sur une île ou de ceux qui y ont trouvé un centre d'intérêt.

Après une après midi dans l'eau, quelques bière face à la mer, une ou deux brochettes, nous rentrons tranquillement nous coucher avec notre amis le serpent. La nuit sera légère, la frontale sur la tête et chacun à son tour, Kouedik puis Bornus se réveillent en sursaut en scrutant le moindre mouvement ou bruit étrange.

Ca suffit déjà pour Sihanoukville, on en a déjà marre de se faire acoster toutes les 5 minutes par des femmes plutôts jeunes et attirées par tout ce qu'il y a autour de la ceinture (zizi et porte monnaie !)
Un peu marre aussi de surprendre en permanence des conversations de Français qui se vantent de leurs exploits face à des mineures de 40 ans leur cadette.
Eh oui, welcome to Cambodiiiiiia, tout n'est pas si rose qu'on n'a pu l'imaginer ici, et nous qui pensions trouver un pays authentique, rural, joyeux, simple, nous nous retrouvons face à des hordes de touristes qui ne voient souvent que l'eau turquoise de ses plages et la chair fraiche des jeunes filles Khmers.

On a le week devant nous, on trace vers Bamboo island, continuer notre programme farniente, on va pas se laisser dégonfler comme ça.
L'endroit est en effet magique, après 1h30 de bâteau, nous nous prenons pour Robinson.

L'unique guest house est paradisiaque avec une vingtaine de bungalow, deux dortoirs, le tout en bamboo et à moins de 50 mètre de l'eau.

On se baigne, on se rebaigne, on écrit un peu pour le blog, on mange un plat de riz, le moins cher de la carte, on ne va pas à la grosse soirée sur l'autre côté de l'île (Eh oui, ça nous arrive aussi de rester class), on va se coucher en laissant les autres jeunes se la coller, on se lève à l'aube, on fait une trempette et on retourne en bateau vers le continent.

C'est sympas les îles, mais il n'y a rien à faire, c'est pas notre truc ça c'est sur.

La fin du week sera dédiée à arpenter les alentours en moto, aller se faire une petite cascade, et participer à la boum INSA qui est donnée en notre honneur dans la guest house.

Les femmes du plaisir sont nombreuses et les étrangers affamés sont au rendez-vous. L'avantage dans ce genre de situation, c'est que lorsqu'une serveuse crie "Bières gratuites", il n'y a que Kouedik and Bornus qui ne soient pas trop occupés pour réagir. Le résultat est digne d'un plateau ramené par Loeven ou Jacou lors de nos belles années Insa.

Retour à Phnom Penh avec la tombée de la nuit, recherche acharnée d'une guest house bon marché et sympas car nous projetons d'y rester la semaine complète.

En effet, demain on bosse et on démarre une semaine de cours au sein de l'ONG "Pour un sourire d'enfant" (PSE).

Encore un contact de longue date que nous maintenons depuis presque Février 2010 et avec qui nous nous sommes engagés. Nous sommes censés donner des cours liés à notre activité dans le bâtiment pour des jeunes en formation ainsi que d'aider les entraineurs de l'école de Rugby, mais n'ayant eu que très peu d'information, nous ne connaissons pas exactemet notre mission.
Nous nous sommes fiés à notre instinct et avions préparé avant notre départ quelques cours, photos et documents pouvant les intéresser.

Après un rendez-vous le lundi avec Sokhen, le responsable de la section bâtiment et suite à une visite de cette incroyable ONG, nous repartons avec du travail et les idées claires sur ce qui nous attends pour la suite de la semaine.

Avant tout, il faut comprendre un peu ce que représente l'ONG PSE.

PSE a été fondée en 1995 et a commencé par aider une vingtaine d'enfants qui travaillaient dans les décharges. Aujourd'hui 1500 enfants défavorisés sont scolarisés dans une des 9 sections professionelles de l'association, 6000 enfants sont aidés chaque jour dont 2000 qui bénéficient d'un soutien scolaire, 2200 qui sont soutenus dans des écoles publiques, 9000 repas distribués chaque jour, 450 salariés Khmers travaillent pour PSE, 150 familles bénéficient d'un emploi social au sein de PSE, etc...

Après être intervenus au Népal chez TOIT, puis au Vietnam avec "Les enfants du dragon", le choc ici est immense. L'assiociation est une ville, gigantesque, il y a des bâtiments de cours, des salles de travaux pratiques, des terrains de sports, des bâtiments administratifs, une cantine, un restaurant de bonne cuisine, etc... Tout est organisé, précis et distribué autour des activités et métiers enseignés par PSE.

PSE a pour objectif de former les enfants à l'un des 19 métiers enseigné sur le "campus".

Les métiers sont répartis dans les sections professionnelles telles que le bâtiment (électricité, carrelage, peinture, maçonnerie), le commerce, l'hôtellerie, etc...
Avec une grande rigueur et des partenaires français parmis les plus grandes entreprises que nous cotoyons tous les jours, les enfants sont formés, entrainés et la moindre activité au sein de l'assiociation qui touche à leur activité est utilisée comme une application pratique de leur formation. Par exemple, l'extension d'un bâtiment est confié à la section "Construction" et les jeunes participent à ce projet concret, etc...

Tout s'éclaircit pour Kouedik and Bornus, et malgré le fait que nous nous rendons compte que notre formation d'ingénieur est bien loin de la formation pratique à la maçonnerie dont ils ont besoin, nous allons essayer de leur donner le maximum de nos connaissances, bonne humeur et motivation pour leur donner l'ouverture d'esprit dont ils auront besoin dans leur futur profession.

Au cours de cette semaine de cours, nous interviendrons pendant 4 jours, 2 heures par jours auprès des premières et deuxièmes années de l'école de bâtiment.

Nous avons essayé de les faire participer et réagir sur les sujets suivants :

Le métier d'ingénieur, son rôle, ses relations avec les ouvriers
La sécurité
Les problèmes de qualité liés à leur métier
Les problèmes concrets auxquels nous avons été confrontés
L'environnement
La lecture de plans
Les problèmes de livraisons
Photos de chantiers
et bien sur photos de notre voyage

Le résultat de cette semaine a été extrêmement positif pour nous, encore une expérience forte et enrichissante. Quant aux élèves, le plus important est qu'ils aient manifesté beaucoup de curiosité, de motivation durant toute la semaine. Leurs remerciements nous ont forts touchés et ils ont beaucoup appréciés de partager avec des étrangers un métier qui sera prochainement le leur.

2 heures par jour... On vous voit venir à grands pas ! "Vous avez dormi le reste du temps ?" C'est ça vos remarques?Même si nous avons passé du temps à préparer nos cours, le reste de notre temps libre nous a permis de bien découvrir la ville de Phnom Penh.

Visite du palais royal, cher mais intéressant, vaste et très beau, balades en ville, baignade à la piscine d'un bar puis d'un hotel, visites des marchés, visite du musée national qui nous a plu qu'à moitié à cause du peu de pièces présentées, quelques happy hour, football avec les locaux au pied du stade mais surtout la visite du centre de torture des Khmers Rouge, le S21.

Ce centre de torture était à la base un lycée qui a ensuite été transformé de la manière la plus barbare, horriblement éfficace, pour accueuillir intellectuels, opposants et toute autre catégorie de personne gênante.

Les salles de classes sont divisées "à l'arrache" pour en faire des cellules, elles sont équipées de chaines, les couloirs parés de fils barbelés, la balançoire transformée en potence de torture, etc...

Les murs des cellules laissent encore apparaître les écritures des élèves relatant des calculs de mathématique.
Photos, peintures, biographies des ces tueurs, tout y est pour vous faire traverser dans cette époque horrible.

Il est important de savoir qu'aujourd'hui, 80% de la population Cambodgienne a moins de 20 ans, que les Khmers rouge datent de 1975 ce qui signifie que TOUTE la population agée de plus de 40 ans a vécu ces drames, meurtres, exils...
Après cela, il est difficile de se balader dans les rues de Phnom Penh et de ne pouvoir penser à cela en voyant des adultes, des estropiés, des vieux, et enfants souvent sans familles. Tous ont vécu cela.

Cette semaine à Phnom Penh, entre ONG, visite et repos nous aura permis de vivre dans cette ville, d'avoir quelques habitudes comme le breakfast buffet du Mékong river et d'observer de près la façon dont les gens vivent dans cette ville.

Nous étions censés rester 3 semaines dans cette ville car après une semaine chez PSE, nous étions censés intervenir 2 semaines dans l'ONG "X" pour parler de notre voyage auprès de jeunes qui vivent dans un foyer.

L'histoire qui ne nous a pas fait rire le moins du monde est la suivante :

"Monsieur X" avec qui nous sommes en relation par mail depuis février 2010 (soit presqu'un an) nous écrit gentillement et nous explique qu'après la lecture de notre blog, il estime que nous ne sommes plus les bienvenus au sein de son association. Après une réponse saignante, nous apprenons qu'il craint que nous ne soyons pas capables de respecter le couvre feu de 22h ce qui est une abération. Nous nous rendons compte qu'il a du arrêter sa lecture à la première ligne qui raconte une soirée, mais le résultat est qu'il nous plante lamentablement.
Nous nous retrouvons avec un programme bancaleau Cambodge car nous avions tout organisé autour des ONG et surtout nous regrettons d'avoir refusé des interventions dans d'autres ONG sous pretexte que nous étions déjà engagés. Comme quoi, le monde de l'humanitaire n'est parfois pas bien plus respectueux que la jungle urbaine dans laquelle nous vivions.
4 expériences, 3 superbes réussite et un échec cuisant... Heureusement que Kouedik and Bornus se relèvent vite et ont vite compris que ces deux semaines nous permettrons de mieux découvrir le Cambodge.

Phnom Penh aura aussi été le théatre d'une autre anecdote bien plus drôle.

Deux filles sont assises dans un restaurant et Bornus dit à Kouedik que l'une des deux lui est familière. Le lendemain, nous allons prendre une bière dans notre QG, le mékong river et les deux filles sont à une table à côté. Au bout de quelques minutes, celles que Bornus a déjà vu mais ne sait pas d'où elle sort s'exprime dans un anglais australien. Kouedik and Bornus n'écoutent même plus les gens qui leur parlent en anglais et répondent au hasard selon les sons qu'ils ont compris.

La fille : "Do you have a pen?"

Bornus : "No sorry!"

Kouedik se marre et dit "Qu'est ce qu'elle a dit papé?"

Bornus : "J'en sais rien, j'ai rien capté, j'ai répondu au pif!"

La fille déçue retourne à sa conversation avec sa copine et revient nous parler quelques minutes après, d'un autre sujet.

On se concentre un peu, on arrive à parler de notre voyage et on lui dit qu'on vient du Japon, de Chine, etc..

La fille saute au plafond et s'étonne qu'on lui réponde "No sorry" à sa question :

"Have you been to Japan ?" Oh Japan, pen, c'est pareil! On se marre, on comprend mieux, la fille familière était dans la même auberge que nous 3 mois auparavant, à Kyoto! Depuis, on note sur une feuille les gens qu'on a croisé plusieurs fois depuis notre départ et la liste est sacrément longue.

Nous finissons donc notre séjour à Phnom Penh avec quelques achats, Jean, tee shirt, un gros colis par Bateau pour renvoyer toute sorte de conneries accumulées en 5 mois (5 kilos chacun!), Bornus hérite d'une crête blonde en guise de couvre chef, on se fait des grandes discussions sur la terrasse du Mékong river et on termine sur une soirée Rugby au Gym bar avec un Irlande/Italie, et un France/Ecosse. Notre grande gueule nous fait gagner un pichet offert par un Irlandais, après une petite tournée des boites, Kouedik se fait éjecter parce qu'il dort ce qui vaut pour Bornus un 110m haie par dessus les canapés de la boite pour rattrapper Kouedik en détresse. On finit par quelques fruits de mer en terrasse, une chute du tabouret pour Bornus qui entamait sa nuit pendant que Kouedik finissait les plats des locaux et enfin la rencontre de nos premiers lady boy, on vous assure, ça se voit à la pomme d'adam!