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KOUEDIK AND BORNUS - "ON THE ROAD AGAIN"
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4 mars 2011

Bô Na ??? - Mais qu'est c'est que c'est ??

 

Après cette traversée express du Vietnam, nous attaquons notre dernière ligne droite dans ce pays et devons nous rendre dans le delta du Mékong. Cela est prévu depuis de longue date puisque nous devons intervenir ici pour l'ONG "EDD" (Les Enfants Du Dragon).

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Ce lundi 10 janvier, nous avons ainsi rendez vous à 6h30 à la gare routière de Saïgon avec Marc, le responsable de l'ONG. Nous le retrouvons sans problème et c'est alors parti pour 4h de bus en direction de Phung Hiep. L'occasion de faire connaissance avec Marc et l'ONG. Marc est un ancien militaire français à la retraite qui avait commencé à travailler au Vietnam pour quelques ONG et qui a finalement créé EDD en 2007. Pour ce qui est de l'ONG, elle agit dans plusieurs domaines pour aider les enfants pauvres du Vietnam ainsi que les familles les plus démunies. 

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Le projet le plus important est un orphelinat à Saïgon qui accueille de nombreux enfants et qui ne demande qu'à s'agrandir. Ensuite, plusieurs actions sont entreprises régulièrement quand les financements se présentent. L'une des premières grandes idées, est de donner l'accès à l'eau potable aux nombreuses familles pauvres du delta du Mékong. En effet, le Mékong après avoir traversé la Chine, le Laos, la Birmanie, la Thaïlande et le Cambodge, arrive dans un sale état au Vietnam. 23% des 18 millions d'habitants du delta n'ont donc pas accès à l'eau potable, ni même à une eau propre. Pour remédier à cela, EDD fait des forages de puits pour des particuliers en besoin (un don de 120 euros suffit pour un puit). L'organisation installe également des centrales de traitement d'eau dans des villages pour que chaque habitant puisse venir se fournir en eau. Cette installation demande 5000 euros. Un autre projetest de développer la culture de la spiruline pour combattre la malnutrition. La spiruline est un aliment riche en protéines dont la culture peut se faire au Vietnam et notamment dans le delta du Mékong. Actuellement, elle est cultivée par l'ONG dans 2 endroits à Bô Na, le village où nous nous rendons. Pour l'instant elle est donnée aux enfants qui souffrent de malnutrition au Vietnam mais le projet serait d'en vendre en France (déjà vendu en pharmacie sous forme de gélules) et de se servir des bénéfices pour financer les autres projets de EDD. En lien sur le blog, vous trouverez le site de l'ONG pour plus de renseignements et d'éventuels dons ou parrainages.

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Enfin, la dernière action des "Enfants Du Dragon", c'est la construction de maisons en dur de 6m*4m pour subvenir aux besoins de familles du delta qui vivent dans des constructions en bamboo et feuilles de bananiers. Et c'est là que Kouedik and Bornus débarquent.

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Six mois avant notre départ de France, nous avions contacté Marc puisque nous voulions intervenir dans ce type de projet. Cela n'était alors pas possible puisqu'il n'y avait pas de financement de programmé. Après quelques échanges supplémentaires, nous comprenons qu'en apportant les 1000 euros nécessaires à la construction de la maison + les 120 euros du puit, nous pourrions alors venir au Vietnam pour aider les maçons locaux et la famille dans la construction de la maison que nous aurions financée. Nous nous étions donc mis à la recherche de ces 1120€ et finalement, nous les avions obtenu grâce à l'ancien employeur de Bornus qui avait fait le don intégral de cette somme.

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Nous arrivons donc à Phung Hiep avec les idées un peu plus claires sur l'ONG et avec une superbe première impression de Marc. Nous empruntons ensuite les motos taxi pour nous rendre à Bô Na, petite paroisse au bord de l'un des nombreux bras du delta. C'est ici que se trouve la famille qui bénéficiera de la future nouvelle maison et c'est donc là que nous allons rester jusqu'à ce que le chantier soit fini. Tout est déjà organisé sur place et Marc qui reste là jusqu'au lendemain nous présente tout le monde ainsi que les lieux. Nous serons logés à l'église chez le curé de la paroisse, le Père Antoine. Nous prendrons tous nos repas ici et nous nous rendrons au chantier en bâteau puisque la famille se trouve de l'autre côté du Mékong. Ensuite nous travaillerons avec 2 maçons et le père de famille. Le Père (de la paroisse) qui apprend le français sera là pour nous aider dès que besoin.

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Le premier jour, nous faisons la connaissance de tous ces gens là et nous nous rendons sur place pour voir la famille et le futur emplacement de la maison en dur. Actuellement, ils vivent à 6 (le père, la mère, les 2 petites filles, un petit garçon et le grand père malade à charge) dans une cabane de bamboo avec terre battue au sol. Les toilettes sont deux planches de bois au dessus d'une rivière, la cuisine est composée de 3 pierres et un peu de bois en guise de four et d'une bassine à même le sol en guise d'évier. Nous n'osons imaginer l'état de la maison en période de mousson. Mais tout le monde a l'air de bonne humeur et nous sommes déjà accueillis comme des amis par tout le monde.

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Comme nous ne commencerons à travailler que le lendemain, nous profitons de la présence de Marc pour aller visiter la ferme voisine où se trouvent quelques bassins dédiés à la culture de la spiruline. C'est l'occasion de nous faire expliquer clairement toute la chaîne de production. Les autres bassins se trouvent à l'église et un employé vietnamien de l'ONG, M. Dep, s'en occupe à temps plein.

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Après cette première journée de découverte forte agréable, le Père qui n'en finit plus de rigoler en nous parlant français, nous annonce que ce soir nous l'accompagnons à une fête de mariage dans le village. Il nous explique que c'est lui qui marie tous les chrétiens de la paroisse et qu'à chaque fois il est invité et qu'il se doit d'y aller. Nous débarquons donc vers 19h à la fête, chez les parents de la mariée. Une quinzaine de table sont installées dehors, elles débordent sur la route déjà pas large et l'accueil qui est réservé au Père ainsi qu'à nous est assez incroyable. Nous sommes à la table des parents, les seuls à manger à l'intérieur, sur l'estrade. Les plats s'enchaînent et les bières aussi. La coutûme locale veut que tout le monde boit en même temps après avoir trinqué avec toute la table pour chaque gorgée, en chantant "Un, Deux, Trois, Yo !!". Autant vous dire que toutes les 2 minutes, nous devons nous lever pour trinquer, ce qui fait bien rire le Père et nous aussi par la même occasion. En revanche, dès le repas terminé, chaque invité remercie la famille et s'en va. Pas de grandes fiesta comme chez nous. A 21h, nous sommes donc de retour à la paroisse. Les dernières recommandations de Marc en prenant le café, un petit point budget et à 22h, nous pouvons aller nous coucher. Heureusement puisqu'on est sérieux et demain on bosse.

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Première journée de boulot. Réveil 6h, douche froide pour réveiller tout cela. Non parce que y'a pas le choix. Petit déjeuner avec le Père à 6h30 après la bénediction. A 7h nous sommes au chantier, motivés comme jamais, en tenue de combat, prêts à bâtir de la brique. A la première discussion avec le chef maçon, nous comprenons qu'il sera difficile de se comprendre et nous nous retournons vers le Père qui nous traduit qu'il faut d'abord aller chercher les matériaux. "On ne se fait pas livrer?" - "Non, tout est à l'église, il faut tout aller chercher avec la pirogue de Tinh (le père de famille)". Une maison entière se trouve donc en pièce détachée (voire ultra détachée: sable, gravier, briques, ciment....) à l'église et nous sommes chargés de tout rapporter ici. C'est parti. Après une matinée d'aller retour pour transporter ce qui nous servira l'après midi, nous sommes cassés, épuisés, léssivés, fracassés, découpés, cisaillés, exténués, manchettés mais toujours motivés.

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Heureusement, le Père arrive et prononce la bonne parole: c'est l'heure de manger. Marc qui avait quelques papiers à régler avec la police locale est toujours là et nous partageons donc notre dernier repas avec lui et le Père. Après la bénediction bien sûr. Au menu, de quoi nous clouer sur place pour toute la semaine, riz, porc au caramel, oeufs, poissons, bananes... Tout cela cuisiné par Babaïe, la cuisinière de la paroisse. L'après midi, retour au chantier, cette fois nous disposons d'assez de matériaux, nous débutons les fondations. On vous passera les détails techniques de toute la construction puisque les connaisseurs risqueraient de prendre peur parfois. Effectivement, les normes et règles de sécurité ne sont pas exactement les mêmes que chez nous. Nous ferons tout de même quelques exceptions quand cela en vaudra vraiment la peine et le détour.

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Vers17h, nous arrêtons la journée et Hout, la mère de famille, déroule une nappe par terre et y dépose de quoi festoyer. Devant l'insistance de Tinh et Hout, il est difficile de refuser et nous partageons donc avec Tinh et les 2 ouvriers (M. Dep et M. Fan), du poisson, quelques fruits et l'alcool de riz qu'ils sont tous contents de nous voir boire.

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En rentrant vite à l'église, le Père nous attendait pour nous annoncer que ce soir nous sommes invités à un mariage. Il est mort de rire et nous chante déjà "Un, Deux, Trois, Yo". On se change vite fait et nous voilà à notre second mariage en 2 jours passés ici. Toujours dans une maison proche de chez nous, c'est le même style que la veille sauf que nous reconnaissons les gens cette fois, que nous commencons à être connus dans ce petit village de Bô Na et que nous attirrons plus les regards que les mariés. L'accueil est le même que la veille, nous essuyons quelques cul-secs de bières avec la famille des mariés et lorsque le Père nous glisse discrétement que le Vicaire qui nous accompagne partout est un fan de karaoké, nous ne pouvons nous empêcher de chanter en choeur "Vicaire une chanson". Il s'éxecute dans la bonne humeur. A 21h, il est l'heure de rentrer. Nous connaissons maintenant le rythme qui va être le nôtre pendant 2 semaines. Et ça nous va plutôt bien.

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Notre première semaine ici se déroule donc ainsi, au rythme épuisant du chantier, des goûters d'après chantier avec la famille et les ouvriers, des balades avec le Père dans le village pour nous présenter ses amis et se faire payer le café ou l'apéro, des repas tous les 4 (avec le Père et le Vicaire) à la paroisse matin, midi et soir. Nous avons alors la chance de goûter à la tortue du Mékong, délicatement pêchée par les 2 petites filles de Tinh et Hout, de participer à une soirée karaoké chez les amis du Vicaire, de participer à notre troisième mariage en 1 semaine. Cette fois-ci, le Père nous dispense de travail pour l'après midi et nous l'accompagnons à l'église pour la cérémonie qu'il officie. Mais pas d'inquiétude, la soirée est également prévue et entre 2 bières obligatoires, nous goûtons pour la première fois l'oeuf dur local. L'apparence d'un oeuf dur sauf qu'une fois la coquille enlevée, c'est un petit poussin qu'y s'y trouve avec sa tête, ses ailes, ses poils... On ferme les yeux et on mange tout pour faire plaisir à une tablée entière qui n'attend que ça. 2 français qui mangent ça, ce n'est pas tous les jours. Ce à quoi ils ne s'attendaient pas, c'est qu'on aime tous les 2 et qu'on en redemande. Nous en profitons pour réediter notre vieille demande datant de Chine: on veut du chien. Il n'y en a pas au menu ce soir mais le Père Antoine a l'air de noter.

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Depuis 6 jours que nous sommes arrivés à Bô Na, notre entente avec le Père est plus que bonne. Il apprend le français en nous parlant, il adore les conneries et nous balancent des blagues dès qu'il peut. Après un jour d'adaptation et de prise de température pour être sûr, nous ne nous faisons pas prier (pas ici quand même) pour riposter et enchaîner les blagues à la Kouedik and Bornus. Ses expressions et citations récurrentes deviennent même indispensables à notre bonne humeur. "Mais qu'est c'est que c'est" quand il ne comprend pas ce que l'on dit, "Au revoir la table" après chaque repas pour pouvoir se lever, "Dieu seul le sait" quand il ne veut pas répondre. Avec l'accent viet évidemment. Le soir après le dîner, nous devons maintenant lui faire la lecture de son livre de français. Il enregistre avec son dictaphone pour continuer son apprentissage après notre départ. Il va bientôt y avoir au Vietnam un curé qui parle comme nous. Et la festin de Ba-Baîe ne lui suffisant plus, tous les soirs il nous fait livrer un dessert typiquement viet appelé "Thié" à base de coco, glace, coulis, cacahuètes etc.

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Il ne faut tout de même pas oublier que nous sommes là pour travailler et construire une maison. Rassurez vous, on ne l'oublie pas et on bosse tous les jours comme des fous. On participe à tout, on fait les manoeuvres, les livreurs et les ouvriers. On continue donc à approvisionner le chantier en matériaux depuis l'église en bâteau et en transportant tout dans des gros sacs sur notre dos. C'est de loin la partie la pire. Ensuite, on se tape tout le béton et le mortier de la maison à la main (pas de bétonnière). C'est la deuxième tâche la plus atroce. Ensuite c'est mieux, on coupe les aciers, on tord les barres et on façonne les armatures des fondations, on coffre tout ce qu'il faut, on lisse le béton, on bâtit les murs de briques (presque droit), on enduit les murs (en rattrapant les faux aplombs, pas facile), on nivelle et on coule la dalle, on peint les murs (au balai, pas de pinceaux), on pose le carrelage, on fait les joints, on pose les chiottes (à la turc) et on couvre tout cela avec les tôles trop courtes commandées par le Père. Bref, tout ce qu'on a demandé de faire à nos pauvres portuguais pendant 3 ans et qu'on a jamais osé ou su faire.

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"Mais qu'est c'est que c'est?" - "Des tôles trop courtes mon Père" – "Ha ha ha... C'est pas grave, ça fait un velux".

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Et tout cela dans une excellente ambiance avec Tinh, ses 2 petites filles qui nous aident toute la journée, Dep et Fan les 2 ouvriers qui rigolent en nous voyant travailler comme des chiens, Hout qui nous apporte du café glacé et des bananes puis tous les voisins qui viennent voir ce qu'il se passe et qui filent un coup de main de temps en temps.

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Un beau jour, Vietnam et comunisme obligent, nous devons nous rendre à la police du coin pour présenter nos passeports et visas. Nous sommes déclarés par l'ONG comme volontaires mais les autorités locales n'ont pas l'air de bien saisir le message et d'apprécier notre présence ici. Nous nous y rendons donc avec le Père qui est là pour arranger la situation et traduire en cas de besoin. Ils prennent notre visa de tourisme pour un visa de travail et nous disent qu'on aurait dû avoir un visa de volontaire qui n'existe pas. Ils préfèrent nous voir partir le plus vite possible mais après quelques négociations, nous sommes autorisés à rester une semaine de plus.

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Encore une semaine à Bô Na qui devrait nous permettre de voir la fin de la construction. Mais une semaine seuls à l'église puisque le Père et le Vicaire se rendent à Can Thô toute la semaine pour un séminaire. Le Père confiant décide de nous laisser la paroisse et l'église. Ba-baîe nous fera à manger comme d'habitude et M. Dep, le chef spiruline sera là tous les jours si on a besoin de lui. Nous lui proposons de faire la messe en vietnamien en son absence mais après hésitation, il finit par refuser. C'est donc parti pour une semaine, seuls responsables de la maison de Dieu. La seule inquiétude du Père avant son départ, c'est que nous vendions la paroisse et l'église.

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On poursuit alors notre mission. Nous alternons à chaque repas pour savoir qui fait la bénediction, nous en profitons pour lire et écrire pour nous, nous jouons avec les enfants du village qui tous les soirs viennent sur le parvis de l'église avec leurs vélos, ballons.. Ils nous attendent et nous sautent dessus dès que l'on rentre du chantier. Les gens du village continuent de plus belle à nous interpeller dès que l'on passe devant chez eux pour nous inviter à manger du serpent. Ce qu'on est obligé de tester forcément.

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Le chantier tourne bien et ce sera bien avancé au retour du Père. Quand il manque certaines choses, nous l'appelons et il planifie des livraisons directement chez Tinh. On se demande pourquoi il n'a pas fait ça depuis le début au lieu de tout nous faire transporter mais bon, c'est le Vietnam. Certaines choses nous auront échappée sur ce chantier mais on ne va pas tout changer aujourd'hui.

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Nous sommes aussi en contact régulier avec Marc durant notre séjour. Il nous fait entièrement confiance et nous demande de gérer le budget de la maison directement avec le Père. La maison n'ayant pas besoin de puit puisqu'il existe déjà, nous pouvons en consultation avec la famille, proposer des améliorations par rapport au schéma de base. Normalement, la maison mesure 6m par 4m en une seule pièce et une salle de bain s'annexe à l'arrière. Pour Tinh et sa famille, la maison sera un peu plus grande et comprendra 2 pièces. Une salle commune et une chambre qui sera destinée au grand père malade (Papy Julio de son surnom). Les parents et les enfants continueront à dormir dans leur cabane. Marc ayant tout prévu, nous avons également chaque jour la présence de 2 étudiants de Can Thô (à 1h de route) qui étudient le français à l'Université et qui sont là pour traduire entre les ouvriers, la famille et nous. C'est bien pratique, surtout qu'on leur a refilé une pelle et un seau pour nous aider à transporter le mortier. Nous avons aussi la présence par intermittence de Carole et Thérère, 2 françaises connaissants Marc qui sont de passage dans le delta du Mékong et qui nous donne un coup de main.

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Nous sommes le vendredi 21 janvier et c'est le retour en fanfare du Père et du Vicaire. Il est 16h, nous travaillons au chantier et le voilà qui débarque. Nous ne l'avions pas vu depuis 6 jours mais il nous dit de se dépêcher, ce soir il y a un mariage à fêter. Bonne nouvelle. Une bonne douche et nous sommes prêts. Ce soir, c'est le petit fils de la vieille dame chez qui nous prenons le bâteau matin midi et soir pour traverser le Mékong qui se marie. Nous sommes à notre quatrième mariage. Nous arrivons avec le Père mais nous étions de toute façon invités par cette vieille dame sympathique. "Un, Deux, Trois, Yo" – "Mais qu'est c'est que c'est?" puis "Au revoir la table". Nous essayons de rester un peu plus cette fois puisque nous commençons à connaître du monde et ils nous demandent de rester. Mais le Père refuse, nous n'insistons pas. Demain boulot, il ne reste plus que 2 jours de travail avant l'inauguration de lundi.

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Le lendemain, encore plus étonnant, nous sommes invités à un enterrement. Là c'est nous qui demandons au Père "Mais qu'est c'est que c'est?". A chaque décès dans le village, il est organisé 7 jours après la mort une fête. Nous sommes au 7ème jour depuis la mort d'un vieux du village donc ce soir fiesta d'enterrement. Le programme est le même que celui d'un mariage sauf que nous sommes moins nombreux (une seule table). Le Père qui se rappelle alors notre voeux, parle de chien à la cuisinière. Il n'y en a pas au menu non plus. On y arrivera pas. C'était sans compter sur les Bônatien qui en 2 temps 3 mouvements nous dénichent un chien. Après quelques "Un, Deux, Trois, Yo" et quelques platrées de serpent pour patienter, la bête arrive. Un bol entier pour nous 2. C'est bon, le chien ça c'est fait. C'est fort et c'est bon. On en reveut déjà. Quatre mariages et un enterrement, ça aussi c'est fait.

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Nos derniers instants au village avant l'inauguration finale, nous les partageons entre le chantier qui n'est pas exactement terminé (quelques petits détails, rien de grave), un repas chez Billy, un américano-viet friqué qui vit 6 mois de l'année ici et dont les beaux parents habitent en face de chez Tinh et Hout. Il avait entendu parler de nous par les habitants du village et voulait à tout prix nous inviter à manger chez lui. Festin en présence de quelques vieux de Bô Na et bien sûr du Père qui n'a pas râté l'occasion de nous accompagner. Avec le serpent que nous connaissons bien maintenant (dans le bol), nous testons son alcool d'abeilles (grande fiole dans laquelle baignent des milliers d'abeilles) et son cognac américain. Le Père moins à l'aise que d'habitude dans cette ambiance américaine plus que vietnamienne, profite d'un petit blanc pour écourter la soirée en prononçant un petit discours en anglais de remerciement. "Mais qu'est c'est que c'est mon Père??" - "Au revoir la table." Le matin de l'inauguration, lundi 24 janvier, nous profitons d'attendre Marc qui doit nous rejoindre depuis Saïgon, pour se rendre à un marché pas loin d'ici. Nous empruntons la moto du Père et achetons quelques cadeaux pour la famille et un super chapeau d'aventurier pour le Père.

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Vers midi, Marc débarque et voit le bon boulot qui a été fait en 2 semaines. Beaucoup de monde est invité: les amis, la famille, les autorités du village... Pas de réception pour établir la liste des réserves, juste un grand repas de fête avec tout le monde. Les plats n'en finissent pas de s'enchaîner, les bières et l'alcool de riz aussi. Avec le serpent et la tortue habituel, nous avons également du chien. C'était pas prévu mais la veille au soir, le petit chien de Tinh et Hout s'est fait écrasé devant nous par un scooter. Pendant que Hout essayait de se consoler comme elle pouvait, Tinh avait emporté le pauvre petit chien mort à la cuisine. Et aujourd'hui il est dans notre assiette. Pratique le Vietnam.

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Tinh ému, prononce un discours pour remercier tout le monde et nous présente la plus grande de ses filles que nous ne connaissions pas. Elle a 14 ans et vit dans une autre famille qui l'a adoptée. Cette famille est là et tout le monde est content de se retrouver.

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Deux des huit frères de Tinh sont également là. Au fur et à mesure de l'après midi, les gens s'en vont mais nous restons avec la famille jusqu'au soir. On danse, on chante, Kouedik fait un discours en anglais (enfin il croît que c'est de l'anglais) tandis que Bornus prend gentiment Tinh sur ses épaules (sauf qu'il a failli y rester). A 20h, il est temps de rentrer et de dire au revoir à tout le monde puisque nous quittons Bô Na le lendemain. Quelques bises et des échanges de T-shirt et nous partons.

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Le Père qui était rentré bien plus tôt nous attend et en prenant le café, il nous offre 4 magnifiques petits sifflets en porcelaine en forme d'oiseaux. "Mais qu'est c'est que c'est mon Père????" - "C'est cadeau souvenir. Ha ha ha...".

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Le lendemain matin, le réveil est difficile et un peu tristes nous devons faire nos sacs pour quitter Bô Na. Au petit déjeuner avec le Père et le Vicaire, Tinh débarque en pirogue avec sa grande fille pour nous remercier une dernière fois et nous dire au revoir. Une vedette rapide doit venir nous prendre sur le Mékong devant l'église. Nous manquons les 3 premiers bâteaux et finissons par avoir le dernier de la journée. Plusieurs villageois sont là avec nous pour nous dire au revoir.

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Nous arrivons à Can Thô vers midi, prenons un bon déjeuner à la gare et filons en bus jusque Chau Doc, sur le Mékong toujours et non loin de la frontière avec le Cambodge. Une petite balade dans cette ville plutôt sympa et nous retrouvons le plaisir de devoir trouver un petit resto de rue pour manger pas cher. C'est bizarre de ne plus être à Bô Na, on est parti vite après la fin du chantier. Dans tous les cas, on en gardera un super souvenir à vie et avons l'impression d'avoir passé l'un des meilleurs moments depuis le début du voyage grâce à de superbes rencontres que nous n'aurions jamais pu faire sans les "Enfants du Dragon". L'endroit paradisiaque et perdu au fin fond du delta y est aussi pour quelque chose.

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Une petite nuit à l'hôtel, un réveil à 5h30, un p'tit déj rapide, un passage éclair à la poste pour ne pas manquer d'envoyer les cartes du Vietnam et nous voilà déjà sur notre bâteau lent qui doit nous emmener au Cambodge par le Mékong. A 13h ce 26 janvier, nous devons débarquer en plein centre de Phnom Penh.

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Mais un passage de frontière sur l'eau, un changement de bâteau en plein milieu du Mékong avec les sacs, une panne du second bâteau, un remorquage par la barque d'un pêcheur du coin, un débarquement en pleine campagne cambodgienne, une attente de 2h dans la jungle et enfin 1h30 de bus plus tard, nous sommes bien à Phnom Penh mais il est 20h. La recherche de guest house dans la nuit qui ne nous manquait pas et nous sommes enfin prêt pour découvrir ce nouveau pays.

Le périple continue, Cambodia gare à toi, la tornade Kouedik and Bornus est là !!!

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